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Revue du Centre Archéologique du Var
LES POIDS DE PESÉE EN PIERRE
D ’ É P O Q U E R O M A I N E D A N S L E D É PA R T E M E N T
D U VA R
Yvon LEMOINE1 et Yves ROCA2
avec la collaboration de Claude ARNAUD3
Cette étude-inventaire dresse une liste non exhaustive
de 26 poids en pierre découverts dans le département du
Var. Leur examen permet de compléter nos connaissances
sur les pratiques liées aux échanges commerciaux durant
l’époque romaine.
1. L es poids de pe sé e
La normalisation des poids et des mesures est considérée
comme un processus universel qui sert de fondement à
l’économie des civilisations de la plus haute Antiquité à
aujourd’hui.1 2 3
En ce qui concerne l’époque romaine, l’unité de base du
commerce est la livre romaine (libra). Elle s’inscrit dans le
système pondéral duodécimal en vogue jusqu’au VIIIe siècle
où Charlemagne unifia la monnaie, les poids et les mesures4.
D’un poids théorique de 327 gr, la livre romaine comporte
des sous-multiples de 12 onces de 27,3 gr5. La numération
pondérale des multiples de la livre est désignée comme
suit : dupondius (2 livres), tripondius (3), quadrassis (4),
quinquessis (5), sexis (6), septussis (7), octussis (8), nonussis
(9), decussis (10), bicessis (20), tricessis (30)… L’utilisation
des poids de pesée répond donc à une norme commune des
commerçants de l’Empire romain.
Utilisés avec des balances à plateaux ou à curseur, les
poids servent quotidiennement aux marchands lors des
transactions et sont théoriquement fiables, même si on
1- Département du Var.
2-Centre Archéologique du Var.
3- Association d’Histoire Populaire Tourvaine.
4- Parmentier 2017 : « Les mesures de Charlemagne relatives à la monnaie font suite
aux réformes mises en œuvre par Pépin le Bref. Par l’édition du capitulaire de Francfort
en 794, l’application de sa réforme fit alors disparaître les anciennes unités romaines,
laissant place à la livre carolingienne qui devint l’unité monétaire officielle. Celle-ci se
divisait en 20 sous de 12 deniers, et valait donc 240 deniers. La masse de la livre romaine
était de 12 onces, celle de la livre carolingienne de 15. »
5- Marquet, Marquet 1970, 38 ; Souq 1989, 375. Pour mémoire une once (uncia) équivaut
à 27,25 gr, deux onces (sextans) à 54,50 gr, trois onces (quadrans) à 81,75 gr, quatre
onces (triens) à 109 gr, cinq onces (quincux) à 136,25 gr, six onces (semis) à 163,50 gr,
sept onces (septunx) à 190,75 gr, huit onces (bes) à 218 gr, neuf onces (dodrans) à
245,25 gr, dix onces (dextans) à 272,50 gr, onze onces (deunx) à 299,75 gr et enfin douze
onces équivaut à une livre (libra), soit 327 gr.
observe souvent une légère marge d’erreur en défaveur de
l’acheteur. C. Berrendonner (2009, 370) note à ce propos :
« Dans le cadre des communautés locales, la certification
par les autorités publiques des poids et mesures semble
avoir principalement visé à assurer un bon fonctionnement
des échanges, c’est-à-dire à garantir au client la quantité
de marchandise qu’il avait payée. Les instruments de
mesure contrôlés par les édiles romains et les questeurs
provinciaux paraissent avoir eu la même destination. À
l’échelle de la péninsule italienne et des provinces du
peuple, la surveillance exercée par les instances locales
sur les transactions commerciales était donc directement
concurrencée par les compétences des magistrats romains.
Cette tendance s’accentua peut-être dans le courant du
IIe siècle, s’il faut bien rapporter au règne de Marc Aurèle
une tentative pour diffuser des poids-étalons à l’échelle de
l’Empire. Pour leur part, les pondera contrôlés au temple
des Dioscures à Rome et les tables de mesures mises en
place par certains gouverneurs de provinces exprimeraient
l’emprise de l’administration impériale sur les territoires
contrôlés par Rome. C’est donc dans l’ensemble l’image
d’un pouvoir central très présent qui ressort du dossier des
poids et mesures ».
En ce qui concerne les découvertes archéologiques dans le
département du Var, la très grande majorité des poids de
pesée est confectionnée en plomb6. Véritables témoignages
6- Essentiellement découverts dans le chef-lieu de la civitas de Forum Julii [Fréjus :
Clos de la Tour (CAG 83/3), terrain Valmier (Lemoine 2009, 120), École des Poiriers
(Lemoine 2015), Îlot Camelin (Lemoine 2017, 35), ces artefacts participaient aux
importants échanges commerciaux favorisés par les routes marchandes maritimes et
terrestres (voie Aurélienne) qui passaient par la colonie. Dans le territoire de la civitas
de Forum Julii quelques sites ont livré des poids de pesée en plomb : l’agglomération
secondaire de Forum Voconii au Cannet-des-Maures [de nombreux poids en plomb ont
été découverts lors des différentes fouilles archéologiques au lieu-dit Les Blaïs (19992005)], l’agglomération rurale du Bertoire à Pignans (CAG 83/2, 92, 8*), la villa
agricole de La Clemensanne à Taradeau (ibid., 134, 6*). Au centre-ouest et nord-ouest du
Département du Var dans la civitas d’Aix-en-Provence des poids en plomb sont connus
dans les villae agricoles de Gigery à Barjols (Lemoine 2008, 678), de Fontcouverte à
Bras (ibid., 681), de Cantarelle à Brue-Auriac (ibid., 683), à Sceaux à Saint-Maximin
(Roca 2017b, 24) ou encore à l’habitat de Béouvet à Correns (Lemoine 2008, 84). De la
même manière dans la civitas d’Arles les découvertes de poids en plomb sont attestées
dans la villa rustica de La Philippe à La Crau (CAG 83/1, 047, 2*), de la villa maritima
des Baumelles à Saint-Cyr-sur-Mer (CAG 83/2, 112, 18*) ou encore dans la collection
Fiessinger de Six-Fours-les-Plages (ibid., 129, 10*).
Revue du CAV – 2017/2018, pp. 155-172
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Yvon Lemoine, Yves Roca
archéologiques du petit négoce, ils
l’illustration des balances de grande
présentent des formes variées (tronc
dimension en rapport direct avec les
de cône à base ronde ou elliptique,
poids de pesée en pierre, on peut citer
sphère décalottée, parallélépipède…)
plusieurs scènes de nature et d’origine
obtenues par moulage et des
différente qui nous renseignent sur
surfaces irrégulières. Ils offrent
leur morphologie et leur utilisation
des correspondances pondérales
essentiellement basée sur le négoce de
multiples de l’once qui permettent de
lingots métalliques :
les rattacher clairement au système
- une mosaïque découverte à Sousse
duodécimal romain. Les matériaux
(Tunisie) dans une tombe de la
pesés en petite quantité, oscillant entre
première moitié du III e s. apr. J.-C.,
aujourd’hui conservée au musée
une once et douze onces, étaient très
national du Bardo de Tunis, montre
majoritairement négociés avec des
une grande balance à fléau suspendue
poids en plomb. Plus rarement, les
par une chèvre tripode utilisée lors
transactions pouvaient se faire avec
du déchargement d’un navire. Deux
des petits poids en pierre comme en
dockers débarquent la cargaison auprès
témoigne l’exemplaire ici recensé au
de deux contrôleurs de pesée9. Le poids
terrain Valmier à Fréjus. Taillée dans
de couleur grise est posé sur un plateau
de la serpentine en forme de tonnelet,
carré à bout de bras par le vérificateur
la valeur de ce poids est matérialisée
vêtu d’un habit blanc à bandes rouges.
par trois points marqués en creux sur
La nature des denrées transportées
la face supérieure7.
Malgré de très nombreuses découvertes
est sujette à caution : P. Gauckler
de balances métalliques (fléau,
(Gauckler, Poinssot, Merlin 1897, A6,
chaînette de suspension, plateau,
10) y voit des lattes de bois alors que
curseur, poids), les témoignages
L. Foucher 10 identifie des barres de
plomb. L’emploi de tesselles de teinte
iconographiques antiques illustrant
les scènes de pesées sont rares. On Fig. 1 : stèle funéraire de Soulosse (Moselle) et jaune-ocre renverrait soit à des pièces
citera notamment la stèle funéraire conservée au musée de Metz (d’après RBR VI, 4846). de bois, soit à des lingots oblongs
métalliques (fig. 2) ;
de Soulosse (Moselle)8 conservée au
musée de Metz où l’on identifie un couple de marchands - un relief mettant en scène trois étapes du travail d’un
mettant en avant leur instrument de travail, une petite chaudronnier découvert à Pompéi (enseigne de boutique
balance (métallique ?) à plateau (fig. 1). En ce qui concerne ou relief funéraire ?) et conservé au musée archéologique
Fig. 2 : mosaïque découver te à Sousse (Tunisie) et conservée au musée national du Bardo de Tunis (d’après Basch 1987).
7- Lemoine 2009, 120 : voir parallèle dans la note 14 à Marseille en bordure de l’île du
Planier.
8- RBR VI, 4846.
Revue du CAV – 2017/2018, pp. 155-172
9- Dunbabin 1978, 270, n° 21, avec fig. pl. 121, 126 et 138 ; Basch 1987 ; Mastino 1990,
19, fig. 1.
10- Foucher 1957, 16, fig. 8 ; Foucher 1960, 77-78, n° 57.169, pl. XLVI, a.
Les poids de pesée en pierre d’époque romaine dans le département du Var
157
Fig. 3 : relief découver t à Pompéi et conservé au musée archéologique de Naples (©MANN, inv. n° 111482. Cl. N. Monteix).
de Naples11. À gauche, on y voit la pesée du métal sur
le plateau d’une imposante balance à fléau massif
suspendue au plafond de l’atelier par des chaînes. Au
centre et à droite, on distingue le chaudronnier lors de la
mise en forme du métal puis le travail de façonnage avant
la vente de récipients métalliques à l’échoppe (fig. 3) ;
- une stèle funéraire découverte à Augst (Suisse) et
conservée au musée de Bâle. Elle montre, dans un
cadre disposé sous le cartouche sur lequel se dresse le
buste du défunt (négociant en métal ?), « une balance
dont l’un des fléaux est probablement chargé de bois
et l’autre d’un poids en pierre. D’autres poids sont
posés au sol ; l’un d’eux est reconnaissable à l’anneau
qui servait à le soulever. Le milieu du bas-relief est
occupé par des objets entassés, de forme rectangulaire,
qui pourraient aussi représenter du bois » 12 (fig. 4) ;
- une stèle funéraire mise au jour à Neumagen
(Allemagne) et conservée au musée provincial de Trèves
est ornée sur l’un de ses petits côtés d’une scène de pesée
de marchandise sur une balance de grande taille. On
distingue un homme à tunique courte portant un tablier
et pesant un ballot dont le contenu n’est pas identifiable.
Il lève le bras pour faire coulisser un poids piriforme à
11- Inv. n° 6575 : MAN 1994, 256.
12- RBR VII, 5478.
anse de suspension coulissant sur le fléau. D’après E.
Espérandieu, il appartiendrait au mausolée d’un riche
négociant trévire13 (fig. 5).
2 . L es p o i d s en p i erre
Les poids de pesée en pierre (marbre, granit, calcaire,
grès pour le département du Var) sont répartis en deux
catégories : marqués14 et non-marqués15. Ceux qui étaient
inscrits portaient le poids en livres gravé en chiffres
romains sur la face supérieure. Les indications de poids
du corpus varois oscillent entre 3 onces et 113 livres, soit
entre 80 gr et 37 kg. Le poids marqué XIII découvert à
Fox-Amphoux livre le plus fort poids, soit plus de 35 kg
équivalents à 107 livres romaines (marqué 113 livres).
13- RBR VII, 5155.
14- Un cas particulier d’un poids découvert sur une épave proche de l’île du Planier à
Marseille a livré un dispositif de marquage par fixation de clous de cuivre comptant
chacun pour une once ainsi qu’avec la lettre « S » indiquant une demi-livre (Benoît 1962,
153). Sur ce point, A.-M. et L. Marquet (1970, 43) remarquent que les chiffres n’étaient
pas toujours gravés mais souvent peints. Des lettres, autres que le « S » peuvent également
accompagner les chiffres sans avoir une fonction numérale, comme le « P. » pour
« Pondo ». Ce marquage pouvait également correspondre aux initiales du propriétaire
(possible cas de certains poids d’Aquilée conservés au Musée de Trieste (fig. 6) où deux
exemplaires portent les lettres CME et ME) mais également à la validation de l’autorité
depuis un poids-étalon officiel (Berrendonner 2009 ; Gatier 2014, 134-135).
15- Le chiffrage peint sur pierre ne saurait être exclu. À défaut de traces visibles à l’œil,
l’examen sous lumière en ultraviolet doit être privilégié.
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Yvon Lemoine, Yves Roca
Fig. 5 : stèle funéraire mise au jour à Neumagen (Allemagne) et conservée au musée
provincial de Trèves (© GDKE/Rheinisches Landesmuseum Trier. Cl. Th. Zühmer).
26 poids en pierre inscrits ou non ont été recensés dans la
présente étude.
Avec ou sans inscriptions, certains poids sont de simples
galets bruts ou aménagés, d’autres des pierres façonnées, le
plus fréquemment, en forme de barillet dont le fond aplani
assure la stabilité. Ils peuvent parfois être munis d’anses
métalliques afin d’être suspendus au dispositif de pesée, ou
simplement transportés. Ils peuvent également comporter
des logements pour y couler du plomb afin de tarer plus
précisément la masse. La seule possibilité d’identification
pour les éléments anépigraphes reste la pesée même si l’on
observe, malgré des bris accidentels, dans la très grande
majorité des cas une marge d’erreur en faveur du vendeur.
En ce qui concerne les exemplaires étudiés ici, cette marge
oscille entre 1 et 6 % de la masse théorique.
Du point de vue de la répartition spatiale (fig. 7) (à
l’exception des poids mentionnés anciennement), trois
sites se distinguent clairement en fonction du nombre
d’occurrences. Tout d’abord les deux plaques tournantes
portuaires de l’économie locale qui livrent logiquement
de nombreux poids de pesée, à savoir 8 exemplaires à
Forum Julii (fig. 8) et 3 à Telo Martius (fig. 9). Ensuite,
on dénombre 5 poids dans l’agglomération secondaire
du Logis à Fox-Amphoux (fig. 10 et 14), site à vocation
artisanale et religieuse (sanctuaire de Clastre).
En marge de ces trois sites économiques importants,
on connaît également des découvertes isolées 16 dans
l’agglomération secondaire de Forum Voconii au Cannetdes-Maures (fig. 11) ou sur plusieurs villae rusticae [La
Roquette aux Arcs-sur-Argens, La Lieue et Ramatuelle
à Brignoles (fig. 12), ou encore Les Carmes à SeillonsSource-d’Argens (fig. 13)].
Fig. 4 : stèle funéraire découver te à Augst (Suisse) et conservée au musée de
Bâle (© Augusta Raurica).
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16- Les pièces décrites ici ne représentent logiquement qu’une infime partie de ceux
existants. D’autres sont sans doute passées inaperçues parce que difficiles à interpréter ou
considérés comme une vulgaire pierre ouvragée.
Les poids de pesée en pierre d’époque romaine dans le département du Var
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Fig. 6 : poids d’Aquilée conservés au Musée de Trieste. En haut : deux exemplaires por tent les lettres CME et ME . En bas : vue d’ensemble de plusieurs éléments dans
le jardin du musée (cl. M. Feugère, DAO C. Arnaud).
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Yvon Lemoine, Yves Roca
Fig. 7 : répar tition des lieux de provenances dans le dépar tement du Var.
a
Fig. 9 : poids en pierre issus de Telo Martius. a : Besagne-Dutasta, inv. n° 7 ; b : L’Équerre, inv. n° 11 (cl. Y. Roca, DAO C. Arnaud).
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b
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Les poids de pesée en pierre d’époque romaine dans le département du Var
a
b
d
c
e
f
g
Fig. 8 : poids en pierre de Forum Julii. a : espace Valmier, inv. n° 1 (cl. Y. Roca, DAO C. Arnaud) ; b : Îlot Camelin, inv. n° 9 (cl. P. Excoffon, DAO S. Peyri). c : Îlot Camelin,
inv. n° 14 (cl. P. Excoffon, DAO S. Peyri) ; d : rue des Tombades, inv. n° 13 (cl. Y. Lemoine, DAO C. Arnaud). e : Cathédrale, inv. n° 16 (cl. A. Conte, DAO C. Arnaud). f :
École des Poiriers, inv. n° 19 (cl. P. Excoffon). g : provenance indéterminée, Musée archéologique de Fréjus, inv. n° 00.1.198, inv. n° 21 (cl. Y. Lemoine, DAO C. Arnaud).
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Yvon Lemoine, Yves Roca
a
c
b
Fig. 10 : trois poids inscrits en pierre provenant du site du Logis-Clastre de Fox-Amphoux, inv. n° 6, 8 et 12 (cl. A. Conte, DAO C. Arnaud).
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Les poids de pesée en pierre d’époque romaine dans le département du Var
Fig. 11 : poids en pierre découver t dans l’agglomération secondaire des Blaïs
au Cannet-des-Maures, inv. n° 22 (cl. M. Borréani, DAO C. Arnaud).
Fox-Amphoux, un poids pour 113 librae (?) (fig. 14)
Mis au jour dans une zone d’habitations et d’exploitations
à Clastre, ce poids d’une masse actuelle de 35,100 kg,
soit 107 livres romaines, a sur sa face supérieure le chiffre
XIII17 inscrit pour indiquer sa valeur théorique de 37 (ou
36,600) kg mais la lettre C pour 100 qui aurait dû se trouver
en début d’inscription est absente. Cette pratique est
reconnue notamment sur les fléaux de balances sur lesquels
les unités sont inscrites et les dizaines sous-entendues
(Legros, Blondiau 2003). Peut-être que pour ce poids, cette
17- Il est à noter la forme possible en “L” de la troisième barre du chiffre. Serions-nous
alors en présence de la lettre “L” pour librae et non du chiffre 1 ? La marge d’erreur pour
[C]XII[L] serait alors de 4 % et non 5 % avec [C]XIII.
163
précision n’était également pas nécessaire,
l’imposant volume de l’objet ne pouvant
pas porter à confusion. Le défaut de 6 (ou
5 dans l’hypothèse d’un « L ») livres serait
en faveur du vendeur si cet exemplaire a
été utilisé pour des négoces possibles en
boucherie comme en attestent les témoins
d’une activité d’élevage relevés dans
les zones fouillées (Boyer 1968, 38).
R. Boyer mentionne également dans le
sondage XVII H la présence d’un autre
poids de calcaire gris bleuté, en forme de
tonnelet de petite taille, d’une hauteur de
65 mm et d’un diamètre moyen de 90 mm
(ibid., 12).
À proximité immédiate du secteur d’où
provient le poids de 107 livres (inscrit 113
livres), dans l’habitat groupé du lieu-dit
de Le Logis, des indices de présence
d’un éventuel four de verrier ont été
relevés (Boyer 1967, 26 ; Gallia 1971,
448 ; Pasqualini 1993, 113), notamment
des débris de charbons et d’abondants
fragments de coulées de verre et d’argile
rubéfiée. Un très hypothétique lien peut
être proposé pour la pesée de blocs de
verre bruts 18. Plus à l’est, au Hameau
d’Amphoux, a également été découvert
un atelier de potier, en activité entre le 2e
quart du Ier siècle et le milieu du IIe siècle
de notre ère, qui associait deux fours et
probablement un troisième (Michel 2009).
Le matériel produit sur place comprend
du mobilier domestique constitué de
céramiques communes culinaires, coupes
et coupelles diverses, de mortiers, de
pots et de grands récipients de différentes
tailles ainsi que des pots horticoles et
disques perforés au centre pouvant être
utilisés comme pesons de tisserand. Des
matériaux de construction, tuiles plates et
rondes, briques, tuyaux ou antéfixes ont
également été découverts. Au nord-ouest,
au lieu-dit Le Petit Rougier, des indices de présence de
four de tuilier et d’un probable gisement de terre argileuse
ont été constatés19.
La pesée d’argile par les artisans potiers fait encore partie
des principales étapes de fabrication. 113 (ou 112 ?) livres
pourraient éventuellement correspondre à la masse de terre
crue utile à la confection d’une série de certains artefacts
attestés à Fox-Amphoux (céramiques, amphores, tegulae,
imbrices, antéfixes, pesons…). Les hypothèses ici exposées
ne sont évidemment pas exhaustives mais constituent les
modestes premiers jalons d’une considération économique
méconnue.
18- La pesée de blocs de verre brut importés pourrait être envisageable. Ainsi, l’épave
Ouest Embiez 1 (Six-Fours-les-Plages) a livré des blocs dont les plus importants peuvent
atteindre jusqu’à 25 kg (Fontaine, Foy 2007).
19- Renseignements Jean-Marie Michel.
Revue du CAV – 2017/2018, pp. 155-172
164
Yvon Lemoine, Yves Roca
b
a
c
Fig. 12 : poids en pierre provenant de sites de Brignoles. a : La Lieue, inv. n° 18 (cl. R. Boyer, 1962) ; b et c : Ramatuelle, inv. n° 3 et 10 (cl. M. Borréani, DAO C. Arnaud).
3. Usage éc onomique
Le corpus des poids inscrits en pierre du département du
Var oscille entre 3 onces et 113 livres romaines, soit entre
80 gr et 37 kg.
Les poids en pierre retrouvés dans les ports de commerce
de Forum Julii et de Telo Martius renvoient logiquement
à des activités marchandes polymorphes. Ces deux ports
constituaient de véritables espaces de redistribution
des matières premières et transformées. À l’inverse, les
sites ruraux qui ont livré des poids inscrits sont rares et
répondent plutôt à un usage limité dont les témoignages
archéologiques sporadiques d’activités marchandes
(présence d’un pressoir ou d’un four) rendent toute
association hasardeuse mais potentielle. Ainsi, les sites
des Blaïs-Forum Voconii au Cannet-des-Maures (Martos
Revue du CAV – 2017/2018, pp. 155-172
et al. 2000, fig. 61, n° 2), de La Lieue à Brignoles (AgustaBoularot, Borréani 2011, 271) et des Carmes à Seillons
Source d’Argens (Roca, Michel 2015 ; Roca 2017a) ont
livré des vestiges de productions agricoles (contrepoids/
pressoirs). Dans ce contexte, il paraîtrait évident d’y voir
clairement la preuve matérielle de formes de négoce mais
trop aléatoire et non fondé pour en déduire un témoignage
direct de vente par l’intermédiaire des poids découverts
sur ces sites.
Ces poids pouvaient servir à la pesée de nombreuses
matières premières brutes ou transformées, de denrées
alimentaires en gros ou au détail ou de produits
manufacturés tels que :
- ressources agricoles transformées (vin, huile) et
négociées en contenants (amphores, tonneaux, outres…).
Les inscriptions peintes sur amphores vinaires de Gaule
Les poids de pesée en pierre d’époque romaine dans le département du Var
165
Fig. 13 : poids inscrit en pierre de Les Carmes à Seillons-Source-d’Argens, inv.
n° 17 (cl. Y. Roca, DAO C. Arnaud).
Narbonnaise sont rares. Fanette Laubenheimer écrit à ce
propos : « on reconnaîtra sans doute un poids, pour un
nombre dont l’unité n’est pas indiquée mais qui oscille
entre 53 et 61 (livres probablement) » (Laubenheimer
2004, 164). La revente du contenu des amphores au détail
pourrait correspondre à des pratiques commerciales de
pesée par l’intermédiaire de poids en pierre ;
- ressources agricoles brutes (bois, céréales, olives).
La mosaïque de Sousse et la stèle d’Augst décrites en
introduction illustrent et témoignent de la pesée de pièces
de bois sur des balances de grande dimension. Le processus
commercial de contrôle par les mensores frumentarii est
bien documenté pour l’Urbs. L’article de synthèse de M.
Cébeillac-Gervasoni renseigne clairement le protocole de
la pesée à réception des céréales avant le stockage dans les
horrea d’Ostie ayant transité par voies maritimes depuis les
pays producteurs « jusqu’aux balances des peseurs à Rome
qui fournissaient aux boulangers leur matière première »
(Cébeillac-Gervasoni 1994, 48). Ainsi, l’emploi des poids
de pesée en pierre pour le commerce de ressources agricoles
doit être considéré comme un usage prépondérant ;
- ressources forestières brutes (liège, poix) ;
- exploitation de minerais (plomb argentifère, cuivre et
fer). Les représentations figurées décrites ci-dessus et
découvertes en différents points de l’Empire (Sousse,
Pompéi, Augst ou encore Neumagen) renvoient au négoce
0
20 cm
Fig. 14 : poids inscrit en pierre découver t à Clastre à Fox-Amphoux, inv. n° 23 (cl.
A. Conte, DAO C. Arnaud).
ou à l’utilisation des métaux à travers des balances de
pesées de grand module dont les poids ici étudiés pourraient
trouver un usage hypothétique ;
- ressources d’élevage (bovidés, équidés, porcs, ovicaprinés,
volailles…)20.
- ressources marines (poissons, salaisons de poissons,
sel, murex…). Rares sont les mentions qui témoignent
20- Le négoce et/ou la consommation de pièces de boucherie est attesté sur le site de
Clastre à Fox-Amphoux comme en témoignent les nombreux ossements de mammifères,
dont certains présentent des traces de débitage (Boyer 1968, 38).
Revue du CAV – 2017/2018, pp. 155-172
166
Yvon Lemoine, Yves Roca
Provenance
(par masse croissante)
Site/Lieu-dit (type d’occupation)
[Responsable d’opération et année
de découverte]
Identification
Marquage
Livres pour
les poids non
insrits
1
Fréjus
Espace Valmier (Siège d’associationSchola ?) [M. Pasqualini, 2008]
Barillet à deux faces planes
3 onces marquées par
points creusés
. . . [3 onces]
2
Saint-Cyr-sur-Mer
Villa des Baumelles (Villa maritime)
Poids
I?
3
Brignoles
Barillet ; creusement central sur les
deux faces planes
4
Fox-Amphoux
Ramatuelle (Villa avec thermes)
[M. Borréani 2016]
Le Logis (Habitat groupé)
[R. Boyer, 1968]
5
Hyères
Les Nécropoles/Almanarre
Poids de forme circulaire
P.VII (« sept livres et
demie » d’après G. de
Bonstetten)
6
Fox-Amphoux
Le Logis (Habitat groupé)
[R. Boyer, 1967]
Galet ébréché
X [10]
7
Toulon
Besagne-Dutasta (Espace portuaire de
Telo Martius)
[J.-P. Brun et al. 1987-1988]
Galet
VIIII [9]
8
Fox-Amphoux
Le Logis (Habitat groupé)
[R. Boyer, 1967]
9
Fréjus
Îlot Camelin (Quartier urbain)
[P. Excoffon, 2013], US523
10
Brignoles
11
Toulon
12
Fox-Amphoux
Le Logis (Habitat groupé)
[R. Boyer, 1967]
Galet ébréché
XVIII [18]
Fréjus
Rue des Tombades et rue Lacépède
(zone urbaine d’habitats et
commerces)
[A. Dumont, J.-M. Michel, 2008]
Barillet à deux faces planes
XVIII [18]
13
14
15
16
17
18
19
20
21
22
23
24
25
26
Ramatuelle (Villa avec thermes)
[M. Borréani 2016]
L’Equerre (À proximité de l’espace
portuaire de Telo Martius)
[M. Borréani, 1993]
2
Barillet
Galet (deux faces planes parallèles,
une extrémité ébréchée, a servi de
pierre à aiguiser)
Barillet oblong à deux faces planes
muni d’une anse de suspension
disparue
Poids trapézoïdal muni d’une anse
de suspension disparue
V.IIII [9]
9
11
Galet
11
Barillet à deux faces planes muni
d’une anse de suspension disparue
en alliages ferreux scellée au plomb
Fréjus ?
Sans localisation précise
Galet
Barillet à deux faces planes muni
Cathédrale
Fréjus
d’une anse de suspension en alliages
XXX [30]
[P.-A. Février, M. Fixot, 1981-1982]
ferreux scellée au plomb
Les Carmes (Habitat avec pressoir du Galet brisé à la base et façonné sur
Seillons-Source-d’Argens
XXV [25]
Haut Empire) [Y. Roca, 2017]
le dessus
Galet muni d’une anse de
La Lieue/La Margillière (Habitat avec
suspension scéllée au plomb
Brignoles
pressoir à huile et four de tuilier)
XXX [30]
disparue ; sur la face inférieure,
[G. Bérard, 1962]
plomb de tarage (?)
École Les Poiriers (zone urbaine de
Fréjus
commerces de la phase 3a : 175-220 Parallélépipède (scellé dans un mur)
XXXVIII [38]
apr. J.-C.) [P. Excoffon, 2009]
Magnaque (tombe Moyen Âge à
Toulon
proximité de l’espace portuaire de Telo
Galet
XXXXVIII [48]
Martius)
Barillet à deux faces planes muni
Fréjus ?
Sans localisation précise
d’une anse de suspension disparue
Les Blaïs (agglomération secondaire Barillet oblong à deux faces planes
Cannet-des-Maures (Le)
de Forum Voconii)
muni d’une anse de suspension en
[F. Martos, 2000]
alliages ferreux scellé au plomb
Le Logis (Habitat groupé)
[C ?] XIII [113] ou XIIL
Fox-Amphoux
Barillet à deux faces planes
[R. Boyer, 1967]
[112 Librae]
La Roquette (Villa agricole, état 3E)
Arcs-sur-Argens (Les)
Poids ?
[M. Borréani, 1994]
Cogolin
Le Font Mourier
Poids
Fréjus
Îlot Camelin (Quartier urbain)
[P. Excoffon, 2013], US3001
Gonfaron
Gasqui
Fig. 15 : tableau récapitulatif par valeur de masse.
Revue du CAV – 2017/2018, pp. 155-172
« Poids en pierre »
15
20
50
50
Les poids de pesée en pierre d’époque romaine dans le département du Var
Matériau
Masse
Masse théorique
(en
réelle
grammes)
Serpentine
80
81,9
Marbre
/
327,45
Grès
568
655
% marge
d’erreur
2%
Larg. Prof. Haut.
(en
(en cm) (en cm) cm)
Ø4
3
13 %
8a
x
12b
6,5
Boyer 1968, 712
23% [cassure
récente]
17,5
Grès permien
2769
2947
6%
Ø 15
Quartzite stratifé et
ferrugineux
2769
2947
6%
21
Calcaire gris bleuté
2822
2947
Dolomie
3481
3600
3%
13,5
Grès permien
3710
3601
3%
Ø 17
Quartzite à ciment
calcaire et à
minéraux (trias)
5200
5894
12% [cassure
récente]
22,5
Calcaire gris bleuté
(jurrasique moyen)
5870
5894
0,4 %
Serpentine
5900
5894
Grès permien
6400
6549
2%
20,4
Calcaire beige
6400
9823
35% [cassure
récente]
Ø 22
Quartzite
7300
8186
11% [cassure
récente]
23
/
9823
Grès permien
11700
12443
6%
Quartzite
15300
15717
3%
Porphyre bleu de
l’Estérel
16200
16372
1%
24,5
23,8
15,5
Grès permien
16200
16372
1%
28
22
37000 ou
36600
5%
Ø 23
/
x
Ø9
3274
/
Lemoine 2009, 120
Borréani 2016 ; Borréani 2017
2514
/
Figure
6,5
Quartzite à ciment
calcaire et à
minéraux (trias)
Grès
Poids
observé
lors de
l’étude
Ø 7,7
2455
Granit
Bibliographie
CAG 83/2, 18*, 648 [Non retrouvé au musée
de Tauroentum et dans les collections du musée
Borély de Marseille]
/
Calcaire gris bleuté
35100
(jurassique moyen)
167
Bonstetten 1873, 8 ; CAG 83/2, 24*, 459
9,5
Boyer 1967, 6, fig. 33 ; CAG 83/1, 8*, 416
x
10b
8
CAG 83/2, 46*, état 8, 804 ; Pasqualini, Brun,
Boetto 2014 (référence 5-1003, 434)
x
9a
3,2
Boyer 1967, 76, fig. 33 ; CAG 83/1, 8*, 416
x
10a
11
Excoffon, Gaucher, Joncheray à paraître
x
8b
10
Borréani 2016 ; Borréani 2017
x
12c
9
Borréani, Brien-Poitevin, Laurier 1993, 35 ;
Borréani 1998 ; CAG 83/2, 67*, état 3, 819
x
9b
10
Boyer 1967, 76, fig. 32 ; CAG 83/1, 8*, 416
x
10c
Ø 14
13,8
Michel, Dumont, Lemoine 2008, 35
x
8d
Ø10
18
Excoffon, Gaucher, Joncheray à paraître
x
8c
15
CAG 83/3, 183* (Musée archéologique de Fréjus)
11,5
Inédit
x
8e
16
10
Roca 2017a, 149-151
x
13
22
16
12
CAG 83/1, 15*, 267
21
15
16
Lemoine 2015, 484-485
13,5
15
15
12,5
18,5
11,1
12a
x
8f
CAG 83/3, 183* (Musée archéologique de Fréjus,
inv. n°75.05.13)
x
8g
12
Martos et al. 2000, fig. 61, n°2
x
11
26
Boyer 1967, 75, fig. 31 ; CAG 83/1, 8*, 416
x
14
Benoît 1943, 284-285 ; CAG 83/2, 52*, 805
Borréani 1994, 37 ; CAG 83/1, 13*, 217
[Non retrouvé au dépôt régional des Milles]
CAG 83/1, 9*, 343
Renseignement R. Boyer dans Euzennat 1967,
421
Revue du CAV – 2017/2018, pp. 155-172
168
Yvon Lemoine, Yves Roca
Fig. 16 : présentation des poids de pesée par taille.
Revue du CAV – 2017/2018, pp. 155-172
Les poids de pesée en pierre d’époque romaine dans le département du Var
169
Fig. 17 : présentation des poids de pesée par taille.
Revue du CAV – 2017/2018, pp. 155-172
170
Yvon Lemoine, Yves Roca
du négoce des produits de la mer durant l’Antiquité. On
citera la démonstration d’E. Botte (Botte 2009, 130 et
157) qui montre que certaines amphores à salaisons de
poissons de type Dressel 21-22 contenaient, d’après leur
inscription peinte, entre 16,67 et 27,96 kg de garum. Outre
les mentions liées au transport et au négoce du contenu de
l’amphore sur tituli picti, la revente au poids de ce type de
produit transformé nécessitait de distribuer des fractions du
contenu initial qui pourrait aisément convenir à des poids
en pierre ;
- artisanat (céramiques, amphores, tuiles, chaux, verre
brut…). La pesée d’argile par les potiers fait partie
des principales étapes de fabrication. Le cas du poids
de 113 livres de Fox-Amphoux offre de possibles
interprétations. L’étude expérimentale sur la fabrication
d’amphores Dressel 1b menée par Pierre-Alain Capt, potierarchéocéramiste21, nous indique qu’une masse de 32 kg par
amphore est nécessaire pour sa fabrication, soit 99 livres
romaines. Pour des amphores gauloises G4, le besoin serait
de 15 kg (Laubenheimer, Gisbert Santonja 2001, 37), soit
46 livres romaines. Pour les tegulae, où il n’existe pas une
standardisation de mesure, la marge d’erreur pour ce poids
n’aurait que peu d’incidences a contrario avec la confection
d’amphores. Une taille moyenne des tuiles de 35 x 45 cm
21- Archéocéramique, Ars Cretariae : https://arscretariae-archeoceramique.blogspot.
com/p/amphores.html.
(Mallet 2006 ; Chauffin 1956) et une masse de 10 kg
d’argile crue, soit 30,50 livres romaines pour la réalisation
d’un exemplaire semble théoriquement acceptable. Le
poids de 113 livres découvert à Fox-Amphoux aurait pu
potentiellement correspondre à la masse de terre nécessaire
à la fabrication de 3 ou 4 tuiles.
4 . Co n cl u s i o n
Les vingt-six poids en pierre ici présentés, dont treize
inscrits, pèsent entre 3 onces et 113 livres romaines.
Ils étaient utilisés sur des balances polyvalentes de
grande dimension et étaient donc complémentaires des
traditionnelles balances « à la romaine » employées
pour le petit négoce à l’aide de poids en plomb, souvent
sous-multiples de la livre. Ces poids calibrés occupaient
une place particulière dans l’économie romaine, que
ce soit dans les ports de commerce (Fréjus, Toulon),
à Fox-Amphoux (agglomération à vocation religieuse
et économique) ou dans les établissements agricoles
ruraux. Les marchandises (matières premières brutes ou
transformées, denrées alimentaires en gros ou au détail ou
produits manufacturés) y étaient ainsi échangées dans un
cadre pondéral réglementaire commun aux habitants de
l’Empire romain.
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Revue du CAV – 2017/2018, pp. 155-172
Les poids de pesée en pierre d’époque romaine dans le département du Var
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172
Yvon Lemoine, Yves Roca
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Remerciements
Nous tenons à remercier le Service Régional de l’Archéologie (Ministère de la Culture et de la Communication, Direction
Régionale des Affaires Culturelles - X. Delestre, C. Landuré, L. Bonnabel), le Service Archéologie et Patrimoine de la
Ville de Fréjus (P. Excoffon, H. Garcia, J. Bouix, S. Peyri), le Centre Archéologique du Var (M. Valente), le Service
archéologique départemental du Var (M. Borréani, A. Conte) pour nous avoir autorisés à publier leurs collections ou
résultats de fouilles. L’examen pétrographique de plusieurs pièces a été assuré par S. Giner (Service archéologique
départemental du Var).
Tous nos chaleureux remerciements à M. Feugère et Y. Manniez pour leur aide, leurs remarques constructives et leur
disponibilité toujours très précieuse pour l’avancée de la discipline.
Enfin, un amical remerciement à V. Blanc-Bijon pour son aide bibliographique à la mosaïque de Sousse.
Revue du CAV – 2017/2018, pp. 155-172